Les 7 et 8 novembre derniers à Amiens, j’assistais aux côtés du Maire de Grenoble, Michel Destot, aux Assises nationales de la Politique de la ville. Réunissant les élus « urbains », ce rendez-vous a été l’occasion de formuler collectivement de nouvelles propositions en matière de politiques de cohésion sociale et urbaine, tout en constatant collectivement l’insuffisance des moyens engagés par l’État pour soutenir les actions de terrain portées par les associations et les habitants dans les quartiers bénéficiaires de la politique de la ville.
Quand les gouvernements, depuis près de dix ans, n’ont eu de cesse de multiplier les coups médiatiques et d’instrumentaliser les résidents de ces quartiers, il faut saluer l’action responsable de la plupart des élus des collectivités au-delà des clivages partisans.
À travers ces Assises, nous avons défendu l’urgente nécessité de réengager les moyens du « vivre ensemble » dans et avec les quartiers trop facilement montrés du doigt, et ce dans une perspective globale qui prend en compte tous les aspects : prévention et sécurité, santé, emploi et attractivité économique, éducation et formation, culture…
En tant qu’adjoint à la Politique de la ville, je suis intervenu sur la mise en place et le renforcement du service de médiation de nuit à la Villeneuve (secteurs Arlequin, Baladins, Géants). Ce service a pour objectifs de contribuer à l’établissement d’ un climat de confiance, d’améliorer la qualité de vie dans le quartier et la tranquillité des habitants en permettant le recul des incivilités, la résolution des conflits quotidiens et la prévention relative à la dégradation de l’habitat.
Très concrètement, Grenoble, grâce à l’action de la Régie de quartier Villeneuve que la municipalité soutient fortement, s’est dotée d’un coordinateur du service et de huit médiateurs identifiables qui interviennent dans les parties communes et privatives de l’Arlequin ainsi que de l’avenue de Constantine à la place des Géants, en binôme, sept jours sur sept. Leurs missions:
- dissuader tout groupe de personnes d’occasionner des nuisances dans les montées, les halls d’immeubles et l’espace public, gérer les petits conflits de voisinage
- prévenir le vandalisme
- assurer une fonction de médiation dans les troubles de voisinage
- écouter, renseigner, orienter les habitants en liaison privilégiée avec les pompiers, le SAMU, la police.
La médiation de nuit ne peut cependant à elle seule régler des problématiques que les acteurs sociaux, de sécurité, de politique de la ville, d’éducation traitent dans les autres temps de la journée. Elle n’est utile que si elle vient en complément logique d’autres services, sans pallier leur carences et/ou absences, dans une approche concertée.
Pour établir une relation de confiance avec les habitants et notamment avec les jeunes, les médiateurs ont besoin de temps pour faire connaître et comprendre leur rôle et pour éviter qu’il soit confondu avec celui de « gardien » ou de « vigile ». Dans cette perspective, l’articulation entre les intervenants de la nuit et ceux du jour est cruciale pour assurer une continuité de l’action sur le territoire et c’est au travail de concertation et coordination que nous avons mené ensemble que nous devons ce succès.
Nous avons décidé en 2011 de renforcer notre intervention financière auprès de la Régie de quartier pour qu’elle intensifie son action. J’ai pu mesurer à cette occasion à Amiens que ce soutien – qui fait partie d’une action que je peux qualifier de naturelle pour notre équipe municipale – n’était pas aussi évident pour toutes les collectivités, y compris lorsqu’elles sont de gauche… Cela permet de réaliser, au-delà d’un discours qui laisserait penser que notre équipe municipale n’agit pas suffisamment sur les moyens d’intervention sociale et humaine dans les quartiers, que Grenoble est toujours considérée comme très volontariste par les autres collectivités.
Les représentants de Régies de quartiers présents lors de ces journées ont tous salué le soutien maintenu et renforcé de la ville à ce type de dispositif.
Cette concertation et ces coopérations continueront bien naturellement en 2012 et nous aurons l’occasion d’approfondir ici la question.
